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Témoignage d'Elodie

 

 

Cela fait des années que je parle de marcher jusque Saint-Jacques de Compostelle.

Jusqu’à cette année, ce «rêve» représentait plutôt une parole en l’air puisque je trouvais toujours 1000 et une excuses pour ne pas me lancer.

Et puis, l’année 2020 est arrivée avec son lot de surprises en commençant par un burn-out (que je n’avais vraiment pas vu venir), très vite suivi du confinement.

Ma vie fut donc principalement consacrée à mes filles jusqu’au mois de juin : aucun moment pour me poser et réfléchir à mes envies, mes besoins, ce qui me ressource, etc.

Jusqu’à cette conférence en ligne organisée par Sylvie de Radio Camino qui fut à la fois une révélation, un coup de foudre, une évidence, une nécessité. J’ai donc pris la décision de me lancer après toutes ces années à y penser et le choix du chemin de départ fut clair : je cheminerais le long de la Via Arduinna. Ce chemin m’appelait, réellement. 

Ayant une vie de famille, je ne pouvais dégager que 10 jours en juillet pour entamer ce chemin. 

J’étais tombée en amour pour Avioth au début des années 2000. J’avais donc trouvé mon objectif. Il ne me restait plus qu’à trouver ma compagnonne de voyage, définir les étapes et me préparer mentalement et physiquement. 

Nous avons démarré de Malmédy le 21 juillet 2020, sommes arrivées à Avioth le 29 juillet, avons poursuivi jusque Montmédy le même jour avant de clôturer notre chemin par le retour vers Virton le 30 juillet 2020.

 

Comment résumer ces 10 jours si intenses, si réels, au cours desquels je me suis sentie vivante et ancrée comme je ne l’ai plus été depuis tellement d’années ? Comment décrire que je me sentais enfin à ma place quelque part, que j’étais là où je devais vraiment être ? Comment décrire les émotions, les vibrations, les rencontres, les joies, les peines, les douleurs, les pleurs, les rires, les paysages ?

 

 

Quelques anecdotes avant de terminer ce témoignage :

  1. Jour 3 : Arrivée à Ortho après une journée harassante sous la chaleur. Sur le long chemin empierré qui mène au village, je dis à mon amie : « Tu vas voir, la première personne à qui on demande un logement nous le procurera. Tu veux quoi en plus ? » Mon amie répond : une douche à jets et un jaccuzzi ! » Résultat : nous avons dormi chez la première personne rencontrée dans le village et la salle de bain comportait une douche à jets ! Petit bonus, il y avait bien un jaccuzzi dans le jardin mais cette option ne nous a pas été proposée ;-).
  2. Jour 4 : mon amie souffre terriblement d’ampoules. Elle en a partout sur les pieds (quand je dis partout, c’est vraiment partout !). Nous démarrons vers 8h30 d’Ortho pour une étape qui nous mènera jusqu’Amberloup (+/- 21 km). A 9h, en pleurs, elle s’écroule sur le bord de la route. Le temps que je lui dise que l’idéal serait que quelqu’un la conduise jusqu’à notre étape qu’une voiture s’arrête et lui propose de l’emmener.
  3. Le petit-déjeuner à l’ermitage du Mont-Saint-Walfroy où nous avons discuté avec un auteur belge qui nous a offert 2 de ses livres ! Pour deux anciennes libraires c’était un cadeau inestimable. De plus, le Mont-Saint-Walfroy est mon coup de cœur de ce voyage : le calme, la paix, le panorama de cet endroit resteront à jamais gravés dans ma mémoire.
  4. Les nombreuses personnes avec qui nous avons discuté de tout et de rien sur le chemin, qui nous ont accueillies, nourries, logées, blanchies malgré les conditions sanitaires particulières de cette année 2020.

Pour terminer, si j’avais pu, j’aurais marché encore 200 km voire même les 1700 km qui me séparaient encore de Saint Jacques. Malheureusement, ma vie réelle ne me permettait pas de prolonger plus longtemps mon périple. Ce qui est certain, c’est que je repartirai bientôt de Montmédy pour poursuivre mon chemin.

 

Le bilan de ce chemin pour moi est le suivant :

  • Moi qui suis une maniaque du contrôle, j’ai appris à profiter du moment présent, à me repérer presqu’uniquement sur base du balisage, à accepter de me perdre à certains moments
  • Que malgré les douleurs, les maux, le mental parfois défaillant, chacun peut réussir ce qu’il entreprend s’il croit en lui et au chemin
  • Que seul on va plus vite mais à deux on va plus loin
  • La persévérance, dépasser ses limites, croire en soi
  • À encourager, soutenir, accompagner
  • Le chemin est le même, qu’on le fasse en chantant ou en pleurant (Henri Brunel)
  • Et, le plus important : que tout ce dont tu as réellement et essentiellement besoin, le chemin te le procurera.

 Enfin, un énorme merci à Samuel François qui fut hyper réactif lorsque nous avons eu besoin de lui.

 

Si vous voulez voir ce qui fut notre chemin pendant ces 10 jours, abonnez-vous à @i_am_the_dusty_girl sur instagram.